Après FITCH Ratings au mois d’avril dernier, l’agence américaine de notation Standard & Poor’s et Moody’s a décidé, le 31 mai 2024, d’abaisser d’un cran la note financière de la France passant de la note AA à AA-. Ce score évalue la capacité de France à rembourser ses dettes.

La dégradation de la note financière de la France a donné des graines à moudre aux opposants politiques du gouvernement et à une partie du milieu économique sensible à une orthodoxie budgétaire.

Cette note n’est pas pour autant catastrophique au regard de sa signification et de celle attribuée par la même agence de notation à certains pays européens.

Cette appréciation donne à la France « une qualité de crédit très élevé » comparable à celle de la Belgique, du Royaume-Uni ou encore de l’Estonie et place la France parmi le peloton de tête des pays les mieux notés.

BENCHMARKING DES NOTATIONS FINANCIERES DE FITCH

Source : Centre International de la dette (CID) d’après FITCH

 

L’agence de notation américaine explique sa décision par la dette publique exponentielle de la France, la permanence d’un déficit budgétaire élevé et l’augmentation de la charge de la dette.

1- Une dette publique abyssale

La dette publique cumulée de la France au sens de Maastricht a atteint, à la fin du quatrième trimestre 2023, la somme de 3101, 2 milliard d’euros. Cette dette représente 110,6 % du PIB alors que les critères européens exigent que la dette publique des Etats membres ne dépasse pas 60 % du PIB. Le ratio de la dette publique française est désormais le troisième plus élevé de la zone euro.

L’agence estime qu’il s’agit du niveau le plus élevé atteint par un pays noté AA.

2- Le déficit budgétaires élevé en France

Le déficit budgétaire de la France se chiffre à 5,5 % du PIB, largement au-dessus de la barre des 3% fixée par les institutions de l’UE aux Etats membres et de 2,3 % du déficit budgétaire médian des pays notés AA.

L’agence doute surtout de l’efficacité du programme de stabilité présenté par le gouvernement français face aux effets cumulés du ralentissement sa croissance et de la baisse des recettes fiscales et de la volonté affichée au plus haut sommet de l’Etat de ne pas augmenter les impôts. 

3- L’augmentation des taux d’intérêt 

La dégradation de la note de la dette souveraine de la France s’explique également par l’alourdissement des charges d’intérêt pour atteindre 15,2 milliards d’euros l’année dernière. Ces charges vont malheureusement continuer à augmenter au cours des années à venir.

Cette situation trouve sa racine dans le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), matérialisée, notamment, par l’augmentation des taux d’intérêt directeurs ; ce qui génère une charge supplémentaire pour l’État français.

Il faut néanmoins tempérer les effets de la dégradation de la note financière de la France dès lors que la soutenabilité de sa dette publique n’est pas remise en cause. Les investisseurs continuent d’acheter la dette française qui bénéficie toujours d’une bonne cote sur les marchés financiers.

 

Par Dr. Apollinaire A. De SABA,

Avocat au Barreau de Paris & Président du Centre International de la Dette (CID)